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COLLOQUE "ART, LITTÉRATURE ET RÉSEAUX SOCIAUX"
22 > 27 MAI 2018 CCI CERISY-LA-SALLE
Entre les artistes et les réseaux de communication et d’information, la relation est ancienne. Pensons au téléphone, à l’Internet des années 1980 et au Minitel. Depuis le Web des années 1990, les réseaux sont peu à peu devenus une scène de l’art court-circuitant les chemins traditionnels de production et de diffusion, et un théâtre global où s’expérimentent de nouvelles dramaturgies, peuplées d’identités multiples, composées avec la complicité, recherchée, subie ou revendiquée, de la machine.
Qu’en est-il, aujourd’hui, avec les réseaux sociaux numériques ? Si Facebook ou Twitter, par exemple, semblent s’apparenter à de véritables machines d’écriture pour artistes et écrivains, offrant des contraintes littéraires, des matériaux multiples (images, sons, textes), des opportunités de détournements et de dérives, ainsi qu’un espace-temps d’actions et de performances artistiques, ce sont aussi et surtout des entreprises de diffusion mondiale de l’information, et des média (eg) / dispositifs socio-techniques (as) programmées pour capter le temps et l’attention disponibles des utilisateurs.
Quels types de rapport l’art et la littérature entretiennent-ils avec ces réseaux ? Quelles formes et quelles représentations font-ils émerger des réseaux sociaux ? Quels effets sur l’auteur, sur l’œuvre et sa pérennité ? Mais encore, dans quelle mesure les artistes, embarqués dans cette machinerie industrielle et culturelle, parviennent-ils à s’emparer des réseaux, à en faire un médium artistico-littéraire, et à les mettre à l’épreuve ? L’art et la littérature en réseau social numérique sont-ils d’office complices des enjeux du capitalisme cognitif, esthétique et linguistique des plateformes industrielles ? Distance, critique et action (politique) sont-elles seulement possibles dans un tel contexte, et sous quelles formes ?
En sus des communications suivies de débat, le colloque « Art, littérature et réseaux sociaux » a accueilli des performances, un atelier d’édition par le collectif PréPostPrint et des expositions de recherche. Il a réuni artistes, chercheurs, étudiants et professionnels du monde de l’art.
3615 LOVE – INSTALLATION D'ART TÉLÉMATIQUE
22 > 27 MAI 2018 CCI CERISY-LA-SALLE
Le 30 juin 2012, après trente ans d’existence, le réseau Minitel s’éteint, laissant sans concurrence le World Wide Web inventé vingt ans avant. Le Minitel – ou Médium Interactif par Numérisation d’Information Téléphonique, était une invention industrielle française désignant un terminal informatique passif, composé uniquement d’un clavier et d’un écran de 9 pouces, dépourvu de toute capacité de programmation ou de stockage. C’était aussi plusieurs dizaines de milliers de services. C’était encore un réseau social avant la lettre, composé de plusieurs milliers de messageries. C’était enfin un service public, plus ou moins contrôlé par l’Etat français et animé par des entreprises privées.
Au sein du réseau, quelques artistes s’infiltrent réalisant œuvres d’art et littéraires. Dès 1984, Camille Philibert et Jacques-Elie Chabert réalisent une série de romans Minitel (ASCOO, Vertige(s), L’Objet perdu). En 1985, Frédéric Develay et Orlan créent la revue Art-Accès. La même année Eduardo Kac réalise les Poèmes Vidéotext.
Comment dès lors exposer – et donc conserver et restaurer – les œuvres télématiques ? PAMAL propose de réactiver les œuvres réalisées avec le Minitel au plus près de leurs matérialités numériques, en reconstituant un réseau simulant celui du Minitel. Les œuvres, quant à elles, sont reprogrammées en hexadécimal, c’est-à-dire dans un langage proche du langage machine. Ainsi, bien au-delà des effets esthétiques qui sont identiques à ceux des années 1980 (écran, dynamique, couleurs etc.), la méthode de conservation utilisée, à savoir la rétro-ingénierie média-archéologique, contribue à la préservation du patrimoine technologique (hardware et software) du Minitel.
Il semblerait qu’à l’heure où les réseaux sociaux planétaires du Web se concentrent entre quelques mains et que la neutralité de l’accès à l’Internet est plus que menacée, il n’ait pas dit son dernier mot. À vrai dire, un médium technique ne meure jamais complètement. L’archéologie des média et l’art médiarchéologiste explorent précisément ces phénomènes d’émergence et d’obsolescence, de résurgence et d’entropie, qui touchent aussi bien les motifs culturels, les réalisations artistiques que les média eux-mêmes. En témoignent, s’agissant du Minitel, les œuvres de Jerome Saint-Clair, exposées à Cerisy en écho à 3615 LOVE (voir aussi la performance Dead Minitel Orchestra), le travail de Benjamin Gaulon ou encore les réalisations du Labomedia. C’est également dans cet esprit que deux étudiantes inscrites en DSRA (Diplôme Supérieur de Recherche en Art) à l’École Supérieure d’Art d’Avignon, Armandine Chasle et Marie Molins proposent en 2018 des œuvres télématiques.
Enfin, dans un contexte où il est justement question de ne pas perdre définitivement la main sur le contrôle et la maîtrise des technologies, PAMAL a mis en place pendant toute la durée du colloque une messagerie instantanée (appelée 3615Chat) fonctionnant sur un réseau Minitel.
3615.LOVE
Seconds originaux et oeuvres Minitel
PAMAL - Stéphane Bizet, Lionel Broye, Armandine Chasle, Emmanuel Guez, Marie Molins, Morgane Stricot.
ENFONÇONS LES PORTES OUVERTES DU WEB
Le 28/05/2018 à 11:53 par Morgane Stricot
Je suis restauratrice.
Je suis restauratrice d’œuvres d’art numérique.
Je suis de celles et ceux qui n’entrent en contact avec ces œuvres qu’au moment du dysfonctionnement, de la page d’erreur, du freeze ou de l’écran bleu de la mort.
Les œuvres d’art numérique en réseau, c’est la promesse d’une porte ouverte sur le Web. Les œuvres d’art numérique en réseau, c’est aussi la menace que la porte se ferme à tout moment.
Les quatre œuvres que je vais vous présenter aujourd’hui ont cessé d’être en réseau à un ou plusieurs moments de leur vie.
La porte s’est fermée momentanément.
Il s’agit alors parfois de changer la serrure, parfois de construire une autre porte, voir carrément, de l’enfoncer.
